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Nettoyage du silo, ventilation de refroidissement : tout miser sur la prophylaxie

83 % des agriculteurs ont des installations équipées de ventilation.

Pour éviter la présence mais aussi la prolifération d’insectes dans le grain, un ensemble de bonnes pratiques et d’équipements de stockage sont nécessaires.

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« La prophylaxie a toute sa place à la ferme pour le stockage des grains ! », fait savoir Katell Crepon, responsable du pôle stockage et conservation des grains chez Arvalis. Pour cela, deux axes majeurs doivent être suivis, le nettoyage et le traitement des locaux, puis le refroidissement du grain par la ventilation par paliers avec l’air ambiant.

La première étape permet de faire un « point zéro ». En effet, les insectes — tels que charançons du riz, silvains dentelés ou capucins des grains — nichent dans les locaux et ne viennent jamais des champs. Sans un bon nettoyage, ils ont donc la capacité de réinfester le grain stocké l’année d’après. La dernière enquête Arvalis/BVA montre d’ailleurs que 97 % des agriculteurs-stockeurs le pratique. « Est-ce qu’il est bien fait ? Ça c’est difficile à dire », estime la spécialiste.

Du haut vers le bas

Arvalis conseille de commencer par nettoyer le haut des installations, puis de descendre, en ne négligeant aucun élément ou support : charpentes, murs, parois de cellules, passerelles, gaines de ventilation, pieds d’élévateur, fosse de réception… Et d’appuyer : « tout doit être balayé, aspiré, nettoyé, y compris les zones difficiles d’accès. » Enfin, les déchets issus de cette intervention seront détruits pour éviter toute recontamination. Il faudra aussi être vigilant concernant les engins de récolte et de transport des grains, qui, s’ils sont mal nettoyés, peuvent faire office d’habitat pour ces petites bêtes.

Concernant le traitement des locaux, les agriculteurs le font majoritairement (62 %) soit avec des solutions chimiques classiques — insecticides liquides (80,6 %) et fumigation (0,6 %) — ou des méthodes alternatives (18,8 %) comme les poudres inertes telles que Forcegrain MN, Procrop et Silicosec (voir résultats d’essais d’Arvalis p ?).

Évolution du taux d’équipement

La température des grains à la récolte étant souvent proche des 30 °C, sans refroidissement, le développement rapide de moisissures et d’insectes est possible. Toutefois, selon l’enquête : 83 % des agriculteurs ayant des installations de stockage sont équipés de système de ventilation, soit 7 points de plus qu’en 2018. « Mais encore faut-il que les agriculteurs aient de bons ventilateurs (voir encadré) », insiste Katell Crepon.

La stratégie de ventilation n’a pas évolué avec, dans la majorité des cas,  un refroidissement réalisé sur trois paliers. Ils permettent de passer, dès la moisson, le grain autour de 20-21 °C, puis au cours de l’automne vers 14-12 °C. Enfin, autour de 9 °C à l'entrée d'hiver, ou moins. Ces baisses successives de températures bloquent l’activité des insectes, voire provoquent leur mortalité.

Piloter la ventilation

Pourtant selon la spécialiste, il existe un angle mort : le pilotage de la ventilation. Un point qui demeure un des axes de progrès mis en avant dans l’enquête. En effet, s’il a gagné 4 points en l’espace de 4 ans, seulement 16 % de la ventilation est asservie à un thermostat. Quant à la surveillance de la température, elle est effectuée par 75 % des agriculteurs (+ 6 points) mais pour 60 % à l’aide d’une sonde mobile, et qu’à 15 % avec une thermométrie fixe.

Or, Arvalis le rappelle pour bien piloter la ventilation, il est recommandé de s’appuyer sur une thermométrie fixe qui enregistre plusieurs points de température mais aussi d’avoir un ventilateur qui soit asservi à un thermostat pour le déclencher automatiquement. « Manuellement, le ventilateur peut tourner sans être efficace, alors qu’avec un bon matériel et une bonne stratégie de pilotage, il est possible de profiter de toutes les heures disponibles sans trop consommer d’électricité », appuie la spécialiste.

À noter : le taux d’équipement en appareil de nettoyage du grain a lui aussi progressé (30 % contre 25 %). « Sur ce point, les stockeurs en agriculture biologique se distinguent nettement avec un taux de 72 % », constate Arvalis. Cela aide pourtant à éliminer des lots une partie des insectes, les secondaires (silvains dentelés, triboliums…), qui ne se développent pas à l’intérieur du grain.

Défaut de surveillance

La surveillance directe des infestations par des piégeages dans les grains (pièges en dômes ou tubes) est en revanche très peu employée (2 % des agriculteurs stockeurs) alors qu’il s’agit d’un outil intéressant pour détecter très précocement la présence d’insectes et éviter les infestations. « Rappelons-le : la moitié des agriculteurs à qui on trouvait des insectes n’avait pas connaissance de leur présence ! C’est donc bien le signe d’un défaut de surveillance des insectes ! », martèle Katell Crepon.

Seulement 2 % des exploitants surveillent les infestations d'insectes à l'aide de pièges. (© Arvalis)

(1). Enquête sur les pratiques de stockage à la ferme réalisée en mars 2022 auprès de 2 216 agriculteurs produisant plus de 20 hectares de céréales.

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